Picasso est un jeune peintre méconnu. Fernande quitte son horrible mari pour faire le modèle dans la capitale. Avec ces trajectoires croisées, Pablo est non seulement une biographie inspirée, mais aussi une brillante plongée dans le Paris des années 1900.
Cette nouvelle série prévue en quatre volumes, dessinée par Clément Oubrerie (à qui l’on doit notamment l’excellente saga Aya de Yopougon parue chez Gallimard), narre la vie de Pablo Picasso entre 1900 et 1912 alors qu’il n’était encore qu’un anonyme. S’inscrivant dans une vogue récente de la biographie en bande dessinée (avec des albums consacrés au Corbusier, à Nietzsche, Virginia Woolf, Fidel Castro… Liste largement non exhaustive), cet opus dédié à Picasso est une absolue réussite. L’option scénaristique choisie par Julie Birmant y est pour beaucoup : tout débute à Montmartre, à l’époque contemporaine. Une vieille femme erre parmi les touristes à la recherche d’un passé qui n’existe plus qu’à l’état de traces. Il s’agit de Fernande Olivier, le premier grand amour de Pablo Picasso et son modèle (qui fut notamment une des Demoiselles d’Avignon). Ce volume s’attache aux trajectoires parallèles des deux (futurs) amoureux jusqu’à leur rencontre au Bateau-Lavoir.
Lui débarque de Barcelone, sans un radis en poche, mais avec son ami Carlos Casagemas, dans Paris illuminé par les feux de l’Exposition universelle de 1900. Elle est (mal) mariée à un tyran domestique crapoteux et décide de s’enfuir, de quitter sa triste banlieue : la voilà modèle, posant pour toute la scène artistique “officielle”, de Jean-Jacques Henner à Alexis Axilette, en passant par Georges-Antoine Rochegrosse. Pendant ce temps Pablo rencontre Max Jacob et commence à imaginer des compositions sortant des canons bourgeois… Picasso est sur le point de naître, l’art moderne bouillonne dans les cranes, mais vit encore dans la bohème parisienne. Clément Oubrerie retranscrit avec un immense talent cette époque, faisant de ce premier tome un opus d’une rare densité.
