Computerworld
Du Ballet mécanique de George Antheil à The Inheritors de James Holden – 90 ans plus tard –, voici l’histoire de la musique electro résumée en 100 disques par le journaliste Olivier Pernot. Electro 100 : voyage à 130 BPM au cœur d’un mouvement loin d’être monolithique.
À quand remontent les prémices de la musique electro ? Olivier Pernot propose de faire débuter l’aventure dès la fin du XIXe siècle avec l’invention du piano mécanique. Qui sont les pionniers ? Il cite Satie, Ravel – auteur du Boléro, « son thème, répétitif […] construit en une longue boucle progressive et hypnotique » –, Stockhausen ou le GRMC de Pierre Schaeffer…
« D’abord terrain des expérimentateurs, elle est devenue au fil des décennies une musique populaire dominant les charts », note le journaliste. Page après page, le lecteur entendra résonner le Moog de Wendy Carlos interprétant les Fugues de Bach (1968) et siffler l’instrument (une invention maison) de Silver Apples (1968). Album après album, il se perdra dans les « climats synthétiques et subaquatiques » de François de Roubaix, se laissera entraîner dans une danse “electromatic” « à la stridence progressive » menée par Pierre Henry et s’abandonnera sur les rythmes techno made in Detroit, une esthétique issue de « la rencontre de George Clinton et de Kraftwerk », selon Derrick May.
Longues « arabesques cosmiques » signées Klaus Schulze, « harmonies spatiales » et « décoratives » (terme qui n’est pas un gros mot aux yeux du musicien / producteur) de Brian Eno, groove enfumé de la scène bristolienne, techno engagée du collectif Underground Resistance.
Cascades de beats technoïdes à la Boys Noize, sonorités radioactives de Kraftwerk ou house entêtante de Mr. Fingers (Can You feel it, 1989)… L’électronique n’est pas qu’une question de tempo. Elle retentit des enceintes des raves londoniennes, sur les pistes des clubs d’Ibiza ou dans les white cubes des espaces d’art contemporain.
« La musique électronique est souvent une histoire qui s’écrit en solo, dans l’intimité d’un home-studio et le face à face avec les machines. » C’est une affaire de héros plus ou moins discrets (l’invisible Burial, les casqués de Daft Punk… ou Goldie, roi de la jungle, qui participa à des émissions de téléréalité), d’artistes jouant avec les textures et les émotions.
5 albums pour compléter la liste :
Not For Threes de Plaid, édité par Warp (1997) – www.warp.net
Exploring the inside world de Doctor L., édité par Artefact (1998)
Tridecoder de Lali Puna, édité par Morr Music (1999) – www.morrmusic.com
Collected Simplesongs of my temporary past de Schlammpeitziger, édité par Thrill Jockey (2001) – www.thrilljockey.com
Pole de Pole, édité par Mute (2003) – www.mute.com