La BO de l’été
DIRTY DANCING
Dirty Beaches signe, avec Drifters / Love is the Devil, un double album houleux, à la fois dans la foulée de sa BO instrumentale et apaisée pour le film aquatique Water Park et dans la droite lignée du poignant Badlands, disque coup de poing rendant hommage à Alan Vega et ayant donné lieu a des shows sur le fil, mêlant la sueur et les larmes.
Effets de reverb’, boucles hypnotiques, synthé gémissant, voix plaintive, traces de rockabilly suicidesque, débris de blues urbain… le Canadien nous enferme dans un club de Berlin ou de Belgrade, obscur et sans issues de secours, pour un very bad trip en deux chapitres. Claustrophobes, passez votre chemin.
Nous avons découvert Orval Carlos Sibelius en 2006 avec un premier album éponyme où ce mystérieux musicien (un personnage christique apparaît sur la pochette) issu de la galaxie Clapping (My Jazzy Child, King Q4…) enchantait l’auditeur grâce à des morceaux labyrinthiques et hors du temps.
Touffu mais jamais brouillon, ce troisième essai poursuit les explorations d’Orval, nous menant jusqu’au Burundi ou sur des archipels inconnus, nous propulsant dans les années 1960 en battant des ailes avec les Byrds ou les nineties en marchant dans les pas pachydermiques du collectif Elephant 6. Un disque XXL. Une vision panoramique.
03 88 237 237 – www.artefact.org Super format d’Orval Carlos Sibelius, édité par Clapping Music
Un beau jour, ou peut-être une nuit… Un aigle d’or tournoyant semble crever le ciel. Ce Golden Eagle, majestueux et mécanique, ne surgit pas de nulle part. Il est le fruit de l’imagination de Kelpe, alias Kel McKeown, artiste anglais pratiquant l’electro joliment concassée, doucement jazzesque (la présence d’un batteur “en chaire et en os”, Chris Walmsley, y est pour beaucoup) et évidemment cinématique.
Sonorités élastiques, beats aiguisés, samples superposés, touches multicolores façon Pollock… Kelpe est auteur d’un nouveau disque précieux. Un exercice de haute voltige.
Fourth : The Golden Eagle de Kelpe, édité par DC Recordings
L’écoute du nouvel album de Kelpe est à compléter avec le premier disque solo de F/LOR, Blackflakes, soit neuf titres qui crépitent comme des céréales et du riz soufflé dans un grand bol de lait frais.
Des boucles analogiques et des beats percutants. De la musique purement électronique à visage humain, étrange mixture entre sons chaleureux et sonorités aussi flippantes que des excursions dans une forêt hantée où sévissent les esprits frappeurs. Blackflakes est l’échappée en solitaire de Fabrice Laureau – membre de NLF3 et producteur pour Dirty Three ou Yann Tiersen – sorcier capable de faire respirer les machines et pleurer les samplers. Notre coup de foudre…
LA TRAVERSÉE DE RONE
Sur la musique de Rone, la danse se fait en lévitation, en pleine nature, loin du bitume, voire dans les étoiles, près du soleil (attention à ne pas se brûler les ailes) ou autour de la Grande ourse. Bye Bye Macadam.…
L’electronica fine d’Erwan Castex est un baisé, une caresse, parfois une secousse (l’incursion hip-hop en compagnie d’High Priest d’Antipop Consortium), un souffle techno ”tohu-bohuesque”, une invitation. Let’s go.
Tohu Bohu, édité par InFiné